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Le cinéma tunisien Les journées cinématographiques Chronologie
     
  Des films d’auteur de masse Retour

Certes, durant la décennie précédente, le cinéma tunisien avait déjà brillé au niveau festivalier international avec plusieurs films dont "Sejnane" (1974) et "Aziza" (1980) d’Abdelatif Ben Ammar, "Les Ambassadeurs" (1976)de Naceur Ktari, "Soleil des hyènes" (1977) de Ridha Behi, "La Trace" (1982) de Nejia Ben Mabrouk, « L’ombre de la terre » (1982) de Taïeb Louhichi, "Traversées" (1982)de Mahmoud Ben Mahmoud, ou "Les Baliseurs du désert" (1984) de N.Khemir, tous abondamment primés dans de nombreuses manifestations.

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Le miracle a été, qu’à partir de "Rih al-Sud" (L’Homme de Cendres-1986) de Nouri Bouzid, et contrairement à ce qui se passait dans la plupart des pays du Sud où les films d’auteur restent confinés dans les ghettos des salles d’Art et d’Essai ou exclusivement destinés au "prestige" des festivals étrangers, le public tunisien a fait un triomphe sans précédent aux films nationaux, (pulvérisant de loin tous les records d’audience précédemment obtenus par les films hollywoodiens ou égyptiens), même à des films "difficiles" comme "Chichkhan" de Jaïbi/Ben Mahmoud ou "Soltane el-Medina" de Moncef Dhouib, et "inventant" ainsi une catégorie cinématographique inédite, à la fois intellectuelle et populaire, celle des "films d’auteur de masse" ! Ce triomphe local a été doublé d’un triomphe extérieur avec une véritable distribution commerciale à l’échelle internationale (dépassant ainsi de loin la simple "exposition festivalière") obtenue par des films déjà "recordmen" chez eux comme "Les Silences du palais" de Moufida Tlatli, "Halfaouine" et "Un été à la Goulette" de Ferid Boughedir, (ou, plus tard à l’étranger, "Satin rouge" de Raja Amari), les auteurs de ces films se voyant également souvent honorés par une invitation à siéger dans les jurys officiels des plus grandes manifestations internationales comme Cannes, Venise et Berlin.

Si le cinéma tunisien est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus libres, des plus inventifs, (et des plus primés !) du monde arabe, il est aussi à inscrire dans le contexte du modernisme d’un pays qui a réussi à éradiquer l’analphabétisme et où l’émancipation de la femme, décrétée dès 1956 et encore confortée ces dernières années, reste un cas unique dans le monde arabo-musulman. Le statut la femme est certainement à l’origine de la vocation d’un grand nombre de femmes cinéastes et semble avoir changé la société en profondeur, au point que la condition de la femme est, en clair ou en filigrane, au cœur de presque tous les films, qu’ils soient réalisés par des femmes (dont tous les films sont centrés sur un personnage féminin) ou par la grande majorité des hommes.

La plupart des réalisateurs cités, quinquagénaires appartiennent à la «génération des ciné clubs» qui a précédé l’apparition de la télévision. Pour les longs-métrages, aux côtés de films de pionniers comme Kalthoum Bornaz et Fadhel Jaziri, de nouveaux noms sont apparus depuis, tels ceux de Mohamed Zran, Nidhal Chatta, Mohamed Damak, Khaled Ghorbal, Mohamed Ben Smaïl, Jilani Saadi, Naoufel Saheb Ettabaa, Nadia El Fani, Khaled Barsaoui, Mokhtar Ladjimi, Elyes Baccar, Moez Kamoun, pour les documentaires de création celui de Hichem Ben Ammar et pour les réalisateurs vivant à l’Etranger ceux d’Abdelatif Kechiche et de Kamel Cherif, lauréat chacun d’un "Lion d’Or" à Venise et pour le premier, de pas moins de 4 "Césars" pour le même film.

Aujourd’hui après une sévère décrue du public local et une désertion des salles causées, entre autres, par la généralisation de la TV satellitaire (plus 68% des foyers tunisiens en sont équipés) et du DVD, une prometteuse "génération numérique" largement auto financée vient de naître, tout aussi libérée et inventive, avec le groupe "dix courts, dix regards" et le docu-fiction "VHS-Kahloucha" et cela aux côtés de la vitalité du 35mm représentée entre autres par les films "Le Prince" de Mohamed Zran et "Khochkhach" de Selma Baccar suivis par "La Télé arrive !" de Moncef Dhouib) qui ont réussi à renouer le lien avec le public national.