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Aspects du cinéma mexicain : une modernité désenchantée


Avec l’Argentine, le Mexique est depuis le tournant des années 90 une place forte du cinéma d’auteur dans le continent américain. Ancré dans une longue histoire, le cinéma mexicain s’est fait connaître dans ses débuts grâce à des films de genre locaux comme la «comedia Ranchera» ( Western mexicain) et les «Cabaretera» ( films qui ont pour cadre des salons de danse). Ce cinéma populaire qui recueille de très grandes parts d’audience coexiste depuis le début des années soixante dix avec un cinéma d’auteur incarné notamment par Arturo Ripstein mais aussi par Alberto Bojórquez, Felipe Casals, Jaime Humberto dont les films ont pratiquement accompagné les « nouvelles vagues» qui sont apparues ça et là un peu partout dans le monde durant les années soixante et soixante-dix.

L’engagement qui ne s’est jamais démenti de l’institut mexicain du cinéma (IMCINE) auprès de jeunes auteurs et d’excellentes structures de formation au métier de cinéma auront par ailleurs largement contribué à l’essor que connaît le jeune cinéma mexicain depuis une dizaine d’années.

En dépit de la diversité des thèmes abordés (Mal de vivre, exclusion, marginalité dans les grands centres urbains, racisme ….) sans complaisance, et non sans une certaine cruauté pour certains auteurs, les films mexicains les plus marquants de la décennie écoulée sont travaillés par le même souci de questionner la forme filmique. La déconstruction du récit dans « Amores perros » le premier Innaritu qui inaugure la décennie, la temporalité intérieure d’un mort-vivant dans le « Japon » de Reygardes, la fixité de la caméra en tant que métaphore du blocage psychologique des personnages de ‘ « Temporada de patos » d’Eimbecke …., constituent autant de tentatives réussies d’explorer des possibilités nouvelles d’appréhension de la réalité. Dans le dépouillement d’une mise en scène sobre et dédramatisée, les jeunes auteurs mexicains brossent sans concession le tableau sombre d’un monde en déshérence qui aspire au bonheur.

Ikbel Zalila

  AMORES PERROS de Alejandro Gonzales INARRITU - Mexique ( 2000 )
  JAPON de Carlos Reygadas - Mexique ( 2002 )
  TEMPORADA DE PATOS de Fernando EIMBCKE - Mexique ( 2004 )
  SANGRE de Amat ESCALANTE - Mexique ( 2005 )
  FAMILIA TORTUGA de Rubén IMAZ CASTRO - Mexique ( 2006 )
  DONDE ESTAN SUS HISTORIAS de Nicolas Pereda - Mexique ( 2007 )
  PARQUE VIA de Enrique RIVERO - Mexique ( 2008 )
  EL VIOLIN de Francisco VARGAS - Mexique ( 2008 )
  INTIMIDADES DE SHAKESPEARE Y VICTOR HUGO de Yulene Olaizola - Mexique ( 2008 )
  DESIERTO ADENTRO de Rodrigo Pla - Mexique ( 2009 )
  NORTEADO de Rigoberto Perezscano - Mexique ( 2009 )
  LE CHATEAU DE LA PURETE de Arturo Ripstein - Mexique ( 1973 )
  COMO AGUA PARA CHOCOLATE de Alfonso Arau - Mexique ( 1992 )
  DANZON de Maria NOVARO - Mexique ( 1990 )


Gros plan sur le cinéma d’Afrique du sud


Les cinémas d’Afrique du Sud restent largement méconnus au Maghreb, en raison notamment des frontières linguistiques qui séparent les deux régions. Depuis quelques années, la visibilité du cinéma sud-africain est tributaire du bon vouloir de distributeurs européens et de ce qu’ils estiment être les attentes des publics occidentaux. Ce qui n’est qu’un aspect du cinéma sud-africain se présente désormais comme tout le cinéma sud-africain avec pour principale conséquence la marginalisation de pans entiers d’une cinématographie pourtant

riche et diversifiée. Forme hollywoodienne, complaisance dans l’ hyper- violence et bons sentiments constituent les ingrédients d’une recette désormais éprouvée pour une carrière internationale réussie.

La production cinématographique en Afrique du Sud n’est certes pas réductible à ce type de films. Un cinéma indépendant aux ramifications multiples prospère depuis une décennie et se veut le promoteur de représentations alternatives, moins consensuelles d’une Afrique du Sud plurielle. Dotés de petits budgets, affranchis des impératifs de rentabilité, jouissant d’une distribution intérieure essentiellement à travers les télévisions et l’édition Dvd, certains films de fiction et de documentaires (Incontestablement le secteur le plus riche en propositions cinématographiques de qualité) rendent possibles d’autres approches de la réalité contrastée d’une société en phase de Re ( fondation) identitaire.

Sans exclusive et dans la limite de l’espace qui lui est imparti, l’hommage rendu par les JCC à l’Afrique du sud ambitionne de rendre compte, du pluralisme de la scène cinématographique dans ce pays.

Ikbel Zalila

  IZULU LAMI de Madode NICAYANA - Afrique Du Sud ( 2008 )
  U- CARMEN E KHAYELITSHA de Mark Dornford-May - Afrique Du Sud ( 2010 )
  ZULU LOVE LETTER de Ramadan Suleman - Afrique Du Sud ( 2004 )
  SARAFINA de Darell James Roodt - Afrique Du Sud ( 1992 )
  MAX ET MONA de Teddy Mattera - Afrique Du Sud ( 2004 )
  THEMBA de Stefanie Sycholt - Afrique Du Sud ( )
  MON NOM EST TSOTSI de Gavin Hood - Afrique Du Sud ( 2006 )
  WHEN WE WERE BLACK de Khalo Matabene - Afrique Du Sud ( 2007 )
  SEA POINT DAYS de François Verster - Afrique Du Sud ( 2009 )


Cinéma des pays de l’ex Yougoslavie : ruptures et continuités entre guerre et paix


Relégué à l’arrière- plan après une décennie noire marquée par des conflits armés et la partition de l’ex- Yougoslavie, le cinéma de la région renaît de ses cendres, et se décline aujourd’hui en cinéma serbe , croate, bosnien , macédonien , monténégrin, et slovène.

Il est intéressant de constater que cette renaissance des cinématographies de la région ne s’est pas faite dans une logique de rupture avec l’héritage de la période socialiste au cours de laquelle le cinéma yougoslave avait gagné une réputation de qualité et d’impertinence politique dans un contexte de glaciation politique dans les pays du bloc de l’Est.

Le travail de refondation des identités nationales entrepris sur le plan politique et culturel dans les différents pays de la région n’a pas son équivalent au cinéma où ce qui rassemble la nouvelle génération de cinéastes des pays de l’ex-Yougoslavie dépasse ce qui serait de nature à permettre de les différencier du point de vue de leur origine nationale.

Sur le plan thématique, les dégâts de la guerre sur les corps et les esprits constitue un thème majeur dans les films de la région en dépit d’une tendance générale à en donner une représentation lucide et distanciée. Le poids du passé se fait d’autant plus sentir que l’effervescence nationaliste a fait place au désenchantement national dans un contexte de crise économique et de déshérence individuelle. Stylistiquement, la prédominance du réalisme est un trait significatif dans les films des jeunes cinéastes de l’ex-Yougoslavie. La réalité est appréhendée dans ce qu’elle comporte de paradoxal, avec gravité mais aussi humour et dérision.

Cet hommage rendu au cinéma de l’ex-Yougoslavie a été conçu dans le souci de mettre en avant la continuité entre générations de cinéastes de la région, par le biais d’une programmation qui alterne des films de réalisateurs confirmés, à l’instar de Kusturica ; Manchevsky, Paskalevic ou Zilnic et des premières ou secondes œuvres lesquelles tout en s’inscrivant dans une lignée de cinéastes majeurs de la région, explorent des voies nouvelles de la représentation filmique.

Ikbel Zalila

  PAPA EST EN VOYAGE D’AFFAIRES de Emir KUSTURICA - Yougoslavie ( 1985 )
  SOME OTHER STORIES de Marija Dzidzeva, Ivona Juka, Ana Marija Rosi, Ines Tanovic, Hanna Antonina Wojcik-Slak - Tunisie ( 2010 )
  KINO LIKA de Dalibor Matanic - Croatie ( 2008 )
  THE BLACKS de Zvonimir Juric, Goran Devic - Croatie ( 2009 )
  NO MAN’S LAND de Danis TANOVIC - Bosnie-Herzégovine ( )
  PREMIERE NEIGES de Aida BEIJIC - Bosnie-Herzégovine ( 2008 )
  GRABVICA de Jasmila ZBALIC - Bosnie-Herzégovine ( 2010 )
  DUST de Milcho MANCHEVSKI - Macédoine ( 2010 )
  I AM FROM TITOV VELES de Teona STRUGAR MITEVSKA - Macédoine ( 2007 )
  ORDINARY PEOPLE de Vladimir PERESIC - Serbie ( 2009 )
  THE OLD SCHOOL OF CAPITALISM de Zelimir ZILNIC - Serbie ( 2009 )
  BARIL DE POUDRE de Goran Paskalevic - Serbie ( 1998 )
  GRAVE HOPPING de Jan CVITKOVIK - Slovénie ( 2005 )