Cinéma marocain
Le renouveau
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En une trentaine d’années, le cinéma marocain a alterné les périodes d’abondance et celles de vaches maigres, mais il a beaucoup évolué, aussi bien sur le fond que sur la forme.

Des pays du Maghreb, le Maroc est celui qui a bénéficié le plus tôt d’infrastructures pour faire des films. Dès 1939, on installait à Casablanca des studios. Le circuit de salles était dense. Pourtant, il a fallu attendre 1968 pour que soit tourné le premier long-métrage de fiction marocain (« Vaincre pour vivre », de Mohammed Tazi), soit douze ans après l’indépendance. Ce film, qui était une pâle copie des mélodrames égyptiens, a encouragé d’autres jeunes cinéastes à se lancer dans le bain.
Cependant, la véritable histoire du cinéma marocain a débuté en 1970 avec « Wechma ». Le film de Hamid Benanni a donné naissance à un nouveau courant appelé la « modernité cinématographique », qui considère le cinéma comme un moyen pour changer la réalité sociale (et non seulement pour l’analyser et l’expliquer), et comme un art à part entière et un produit intellectuel, et non pas seulement comme un simple divertissement. Avec Bennani, le cinéma gagne ses lettres de noblesse et le cinéaste devient un auteur, c’est-à-dire un intellectuel qui pose un regard scrutateur sur sa société et interroge ses contemporains.
Cette nouvelle tendance a permis l’éclosion, dans les années 1970-1980, de films de haute facture artistique, qui sont restés dans la mémoire des cinéphiles, tels que « Mille et une mains » de Souheil Ben Barka, « El Chergui » de Moumen Smihi, « Des jours et des jours » d’Ahmed El Maanouni, « Le mirage » de Hamed Bouani, « Les poupées de roseau » de Jilali Ferhati, « Le coiffeur du quartier des pauvres » de Mohamed Reggab, « Badis » de Mohamed Abderhamane Tazi ou « Le cheval de vent » de Daoud Aoulad-Syad. La plupart de ces films, qui ont été présentés au cours des précédentes sessions des Journées cinématographiques de Carthage, ont été réalisés avant que l’Etat marocain ne s’engage directement dans le financement de la production cinématographique nationale.
Avec l’engagement direct de l’Etat dans le financement du cinéma, la production annuelle est passée de 1 à 3 longs-métrages par an, dans les années 1970-1980, à plus de 10 films depuis le début des années 1990. La qualité n’est pas toujours au rendez-vous, mais nombre de films décrochent des Prix dans les festivals internationaux et sont bien accueillis par la critique.
La multiplication des rendez-vous cinématographiques – Festival international du cinéma de Marrakech, Festival international du film de Salé, Festival du cinéma africain de Khouribga, Rencontres du court-métrage marocain d’Azrou, etc...) – et des tournages de films étrangers, notamment au sud du pays, participent également de cette nouvelle dynamique.
L’hommage que les JCC rendent aujourd’hui au cinéma marocain réunit dix longs métrages réalisés entre 1969 et 1999. Loin d’être démodés, des films comme « Soleïl de printemps » de Latif Lahlou (1969), « Traces » de Hamid Bennani (1970), « O les jours » de Ahmed El Maanouni (1978), « Le mirage » de Ahmed Bouanani (1979), « Le coiffeur du quartier des pauvres » de Mohamed Reggab (1982) ou encore « Amok » de Souheil Ben Barka (1982) permettent d’appréhender le cinéma marocain (et, à travers lui, le Maroc dans son ensemble) dans la continuité de son histoire contemporaine. Les films plus récents programmés dans cet hommage, tels « Badis » de Mohamed Abderrahman Tazi (1988),
« Un amour à Casablanca » de Abdelkadar Lagtaa (1991), « Femmes… et femmes » de Saâd Chraïbi (1998) et « Ruses de femmes » de Farida Benlyazid (1999), témoignent, quant à eux, de la dynamique actuelle de ce cinéma aux facettes multiples et qui n’a pas fini de nous surprendre.


Yousra Z.

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