«La Route 181» de Eyal Sivan et Michel Khleïfi
La douleur et de l’espoir
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« Un grand témoignage empreint du désir de vivre et de construire ensemble », écrit Le Nouvel Observateur. « Ce film déconcerte, choque, mais passionne », ajoute Le Monde.
« Un documentaire qui fait l’effet d’une bombe », renchérit Télérama. « La Route 181 : Fragments d’un voyage en Palestine-Israël », le road-movie documentaire de Eyal Sivan, cinéaste israélien, et de son homologue palestinien Michel Khleïfi, n’a pas fini de susciter les réactions les plus diverses dans les médias français depuis sa diffusion, en janvier dernier, par la chaîne Arte.
Armés de caméras, d’autorisations de tourner et de laissez-passer, les deux cinéastes ont traversé, à l’été 2002, « la route 181 », ligne de démarcation fixée par la résolution n° 181 des Nations Unies, le 29 novembre 1947, et qui est censée établir les frontières théoriques de deux Etats, l’un juif, l’autre arabe, avec, au centre, une zone internationale.
Pendant deux mois, les deux cinéastes ont filmé, au hasard de leurs rencontres, hommes et femmes, jeunes ou anciens, civils ou militaires, Israéliens et Palestiniens, témoins anonymes, quelquefois difficiles à distinguer physiquement, ou même sur le contenu de leurs propos, qui parlent de leur vie, de leur expérience, et de la façon dont ils comprennent ce qui se passe autour d’eux. Chacun réagit à sa façon, certains par cynisme, d’autres par indifférence, l’humour rendant à chaque fois la violence un peu moins insupportable.
De ce voyage, les deux hommes ont rapporté des centaines d’heures de rushes, dont ils ont tiré un documentaire de 265 minutes, un film touchant de vérité, qui cherche à démontrer qu’Israéliens et Palestiniens peuvent enterrer enfin la hache de guerre et coexister, en dépit des bruits et des fureurs d’une histoire qu’ils n’ont cessé de subir. En attendant, face au béton, aux barbelés et aux cliquetis des armes, à l’incertitude d’une situation dont nul ne voit l’issue, deux peuples se réfugient souvent dans la mémoire.
Un grand spécialiste du genre, Joris Ivens, avait dit, en 1977 : « Il ne faut pas oublier que, pour un documentariste, le réel de la vie c’est aussi - et surtout - ce que les gens pensent, sentent, désirent et rêvent : leurs doutes, leurs aspirations, leurs peurs et leurs angoisses, leurs initiatives, leur courage et leurs luttes ». Cette belle citation s’applique merveilleusement à
« La Route 181 », une profession de foi cinématographique de deux artistes visionnaires, soucieux de l’avenir de leurs peuples respectifs.
Eyal Sivan est né en 1964 à Haïfa et vit en France depuis 1985. Il est proche des cercles pacifistes israéliens et plaide pour la création d’un Etat palestinien. Son premier film,
« Aqabat Jaber, vie de passage » (1987), consacré aux camps de réfugiés des Palestiniens, a reçu le Grand Prix du jury du Cinéma du réel. A cause de ses positions, le cinéaste a reçu, à la fin de l’année dernière, une balle de revolver dans son courrier, accompagnée de la précision que la prochaine ne lui serait pas envoyée par la poste. On peut imaginer l’identité des expéditeurs du curieux colis. Né en 1950 à Nazareth, en Cisjordanie, Michel Khleïfi est l’un des plus importants cinéastes palestiniens. Son premier long métrage de fiction « Noces en Galilée » a reçu le Tanit d’or des JCC en 1988.
Le film sera projeté aujourd’hui, 7 octobre, à 18h, et demain, 8 octobre, à 21h, à la Maison de la Culture Ibn Khaldoun.

Yousra Z.

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