Compétition De La Première Œuvre

13 films en compétition

Peu à peu, film après film, le cinéma change le monde.

Un premier film ? S’il est vrai que tous les films sont en définitive des « premiers » films, car chaque film nouveau se distingue des précédents et pose des questions nouvelles, dans un contexte nouveau, avec des règles du jeu qui ont changé, des partenaires et des acteurs ou des technicien qui eux q-aussi ont changé — car le cinéma s’inscrit par chacune de ses fibres dans l’histoire, il reste vrai que le premier film doit traverser plus peut-être que les suivants obscurités, difficultés, incompréhensions.

Produire et réaliser un premier film c’est faire entrer dans l’ordre du monde (comme dans celui du cinéma, qui lui est en grande partie homothétique) quelque chose de nouveau, qui n’a pas été prévu et moins encore désiré par le corps social, un nouvel objet qui bouscule inévitablement l’homéostasie des forces économiques, politiques, etc., qui avait fini par s’établir tant bien que mal. Un nouveau joueur à la table change la donne pour tous les joueurs. Il y a toujours quelque chose d’une première fois dans chaque geste qui sépare le monde en avant et après.

Qu’on le veuille ou non, un premier film est un analyseur d’une nouvelle sorte qui permet d’envisager le corps social sous une nouvelle lumière — et la responsabilité extraordinaire prise par ceux qui font ce premier film a justement ce sens d’une nouvelle lecture du monde qui enregistre ce qui a changé et qui prépare ce qui est en train de changer. Avec le premier film monte la peur non seulement de le « rater », mais celle d’ébranler, si peu que ce soit, l’ordre établi des choses. Les spectateurs sont invités à entreprendre un nouveau voyage à l’intérieur des contradictions de leur société, au cours duquel ils verront mieux ou comprendront mieux l’ensemble des relations sociales — travail et non-travail ; disparition des traditions ; déshérence de l’homme et de la femme actuels, perdus devant des questions qui paraissent insolubles et le sont, bien souvent ; miroitement insistant de solutions « miraculeuses » qui ne sont que propagande au service de rapports de force… Le premier film peut parfaitement ne parler directement de rien de tout cela, il n’en reste pas moins que pour se préparer, se réaliser, se produire, il est contraint d’affronter ces questions terribles, celles de notre temps. C’est pourquoi il faut la chance, la lumière de la grâce, l’innocence de l’enfant pour oser se jeter dans la bataille. Chaque premier film est une bataille de fait contre l’ordre déjà établi du monde, puisqu’il ajoute à ce monde déjà là une nouvelle manière de le voir et de le penser. C’est une aventure dont on ne peut sortir que profondément transformé : on est devenu un homme des nouveaux temps, un homme de cinéma.

Jean-Louis Comolli

Films

This little father Obsession

Selim Mourad - Liban ( 2016 )

 This little father Obsession

La peau

Afraa Batous - Syrie ( 2015 )

 La peau

Maputo

Joao Graça / Fabio Riberio - Mozambique ( 2015 )

Maputo

Hedi

Mohamed Ben Attia - Tunisie ( 2016 )

Hedi

Nous n'avons jamais été enfants

Mahmoud Soliman - Egypte ( 2016 )

Nous n'avons jamais été enfants

Le tournant

Rafiki Assaf - Jordanie ( 2015 )

Le tournant

Un mile dans mes chaussures

Khallaf Said - Maroc ( 2015 )

Un mile dans mes chaussures

Barakah raconte Barakah

Mahmoud Sabbagh - Arabie Saoudite ( 2016 )

 Barakah raconte Barakah

N.G.O Nothing Going On

Arnold Aganze - Ouganda ( 2015 )

N.G.O Nothing Going On

Maintenant ils peuvent venir

Salem Brahimi - َAlgérie ( 2015 )

Maintenant ils peuvent venir

La maison de la mer

Roy Dib - Liban ( 2016 )

La maison de la mer

A mon age je me cache encore pour fumer

Rayhana - Algérie ( 2015 )

A mon age je me cache encore pour fumer

The last of us

Ala Essine Selim - Tunisie ( 2016 )

 The last of us