Fédération Africaine des Critiques du Cinéma FACC

Réparer notre mémoire

Quand nos amis de la direction des JCC, nous ont contactés à la FACC afin de faire une sélection des sept meilleurs films africains pour le programme de la célébration du cinquantenaire, nous avons tout de suite réalisé combien l’exercice pourrait s’avérer périlleux.
Il fallait examiner avec minutie la mémoire collective des critiques et des cinéphiles africains afin de dégager les œuvres majeures qui ont marqué la marche du septième art en Afrique. Mais surtout l’accord entre la FACC et les JCC stipule que la sélection porte sur des œuvres cinématographiques qui, en dépit de leur qualité artistique, n’ont reçu, pour une raison ou une autre, aucun prix à Carthage. Notre objectif commun était de réparer une injustice et de réhabiliter de vrais maîtres de l’Art cinématographique en Afrique.
Et contrairement à ce que pourraient penser certains, nous n’avons eu que l’embarras du choix. Tellement il est vrai que la cinématographie africaine regorge de perles artistiques dignes d’intérêt. Et combien c’est malheureux de se rendre compte aujourd’hui que ces chefs d’œuvres ont été oubliés faute d’écrans et de cinémathèques dans les pays africains d’où la justesse et l’intelligence du choix de la direction des JCC de faire revivre de nouveau ce patrimoine négligé.
Ceci dit, nous étions sous la contrainte de se fixer sur une liste finale qui ne pouvait comporter que sept titres. Et ce n’était nullement une tâche facile car il a fallu concilier les choix et les goûts divergents de plus d’une centaine de critiques venant de 33 pays africains en plus de ceux qui évoluent dans la diaspora.
Certains films ont heureusement fait l’objet d’une unanimité sans faille. Tel le beau et sublime La momie, seul long-métrage de l’égyptien Shadi Abdessalam et sans nul doute une des plus grandes œuvres du patrimoine cinématographique égyptien.
Il a été de même pour l’incontournable classique du cinéma algérien signé par Lakhdhar Hamina : Le vent des Aurès. Une œuvre exceptionnelle qui n’a pas eu sa place à l’époque aux Journées Cinématographique de Carthage.
Et comment ne pas choisir le film poignant du doyen Sembène Ousmane sur le massacre du Camp de Thiaroye ou le magnifique Yeelen de Souleymane Cissé, une sorte de plongée fantastique au cœur de la tradition bambara à travers le questionnement de la notion du pouvoir et de la lutte éternel entre un père et son fils. Un film consacré à Cannes 1987 par le prix spécial du Jury.
Produit par le Sénégal, la Guinée et le Maroc, réalisé par le marocain Souheil Ben Barka et relatant une histoire sur la lutte contre l’apartheid en Afrique de Sud, le film Amok! demeure une preuve vivante sur les possibilités de coproduction afro-africaine dans le secteur cinématographique.
D’autres œuvres plus récentes mais non moins exceptionnelles figurent dans le programme ; telles que Les saignantes du camerounais Jean-Pierre Bekolo ou encore le radical Ezra du nigérian Newton Aduaka qui porte un regard sincère et d’une grande lucidité sur les horreurs de la guerre civile en Sierra Leone.
Loin de nous l’idée de croire que cette liste restreinte de films fera l’unanimité et la satisfaction de tous les amateurs des cinémas africains. C’est pour cela que nous pensons à la FACC qu’il est indispensable aujourd’hui de consacrer plus d’importance à l’écriture de l’histoire du cinéma africain et à la mise en valeur de ces œuvres peu ou pas connues du tout par le jeune public africain.
L’entreprise certes n’est pas mince mais nous comptons y mettre de notre mieux. Le cinéma n’est – il pas aussi une mémoire et un patrimoine.

La F.A.C.C
Fédération Africaine de la Critique Cinématographique

Films

Amok

Souheil Ben Barka - Maroc ( 1982 )

Amok

Ezra

Newtown Aduaka - Niger ( 2007 )

Ezra

La momie

Shadi Abdessalam - Egypte ( 1969 )

La momie

Le Camp de Thiaroye

Ousmane Sembène - Sénégal ( 1988 )

Le Camp de Thiaroye

Le vent des aurès

Lakhdhar Hamina - Algérie ( 1988 )

Le vent des aurès

Les saignantes

Jean-Pierre Bekolo - Cameroun ( 2005 )

Les saignantes

Yeelen

Souleymane Cissé - Mali ( 1987 )

Yeelen