زينب تكره الثلج(تونس) - JCC : 2016 - 94 min


كوثر بن هنية




C. L. : Vous avez cette aptitude extraordinaire à capter de la fiction dans le réel : comment ce regard de cinéaste a mûri et s’est construit en vous ? K. B. H. : Ce sont plusieurs choses à la fois, conscientes et inconscientes, mêlées à un certain goût pour la cinéphilie, etc. Je sais qu’il y a des choses qui me touchent dans le cinéma et je vais le chercher dans la réalité parce que je sais qu’il est là. J’aime les gens et je suis émue assez facilement, je sais deviner le non-dit dans une phrase... Il y a ainsi une sorte de feeling qui me conduit à penser que si telle chose me touche, j’ai envie de la partager. C’était d’ailleurs une chose qui m’était renvoyée par d’autres réalisateurs, aussi bien de fictions que de documentaires. Par exemple, j’ai pensé à Zaineb comme un personnage de fiction, sauf qu’elle est réelle. Je sais qu’elle va grandir et donc dans un schéma classique de narration je peux envisager une évolution de son personnage qui va faire des rencontres, se confronter à des moments difficiles et qui à la fin du film ne sera plus le même qu’au début.

C. L. : Zaineb n’aime pas la neige constitue une expérience de cinéma atypique, puisque vous l’avez à la fois commencé avant votre premier long métrage et que vous l’avez terminé après celui-ci.

K. B. H. : Le tournage de Zaineb m’a aidée à envisager mon premier court métrage de fiction, Pot de colle ainsi que le Challat qui est une fiction mais tourné à la manière d’un documentaire. Ce sont des projets qui se nourrissent les uns les autres. Pour moi Zaineb n’aime pas la neige et Le Challat de Tunis sont deux films très différents. En effet, Le Challat part d’un crime ordurier, violent, à la marge de la société et se situe davantage dans l’intellectuel malgré l’humour, alors que Zaineb est davantage dans l’émotion parce que le film traite de la famille, un thème universel avec l’idée de grandir, que l’on connaît tous à la différence du crime. Ce sont donc deux films très différents mais qui dans mon expérience ont communiqué entre eux et l’un a aidé l’autre, comme vous dites.

Par Cédric Lépine
(Extraits)

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