SARRAOUNIA(موريتانيا) - JCC : 1986 - 120 min


محمد هوندو




Au moment où se clôture le cinquantième anniversaire du festival International du Film Africain de Ouagadougou (le Fespaco), une bien triste nouvelle nous est arrivée : la disparition de Abid Med Hondo, doyen des cinéastes mauritaniens et figure éminente des pères fondateurs des cinémas d’Afrique sub-saharienne.
Son oeuvre aura marqué de manière conséquente la mémoire des cinéphiles intéressés aux cinémas du sud.
Comment oublier des films-clés, des films-phares comme Soleil Ô (1969) ou Les Bicots nègres vos voisins (1973) ? Des films qui ont participé à la découverte des hommes venus d’Afrique pour tenter de gagner leur vie en Europe par le public français. Des films qui ont anticipé le regard porté par les cinéastes jaillis du grand mouvement de Mai 68 en France. Des films précurseurs puisque Soleil Ô a été filmé à partir de 1966 par un jeune inconnu, comédien et cinéaste, qui ne trouvait pas de financement pour entamer son œuvre. Sélectionné à Cannes, Soleil Ô, film audacieux s’il en est, a en conséquence été en butte à bien des censures, en Europe comme sur le continent africain. Son film osait mettre en cause les politiques d’immigration des hommes au pouvoir, au moment de sa sortie en salles, en France comme en Afrique. Le film n’en est pas moins devenu un classique.

Sa carrière de réalisateur n’a pas pu être aussi féconde que son talent le disait dès sa première œuvre, mais Med Hondo a eu la chance de pouvoir développer ses talents de comédien de doublage pour des stars américaines comme Eddie Murphy (28 films) et Morgan Freeman (17 films)… Il fut même un temps responsable syndical des doubleurs professionnels pour le cinéma français !

L’homme qui nous a quittés ce 2 mars est une figure essentielle de l’histoire des cinémas d’Afrique, il rejoint le Tunisien Tahar Cheriaa et le Sénégalais Sembène Ousmane, au Fronton des Pères Fondateurs du cinéma et de l’audiovisuel du Continent africain. Jusqu’à ses derniers instants, il aura gardé son regard droit, transperçant, interrogateur et attentif aux siens. Un regard incisif sur le monde qui l’entoure. Med tu nous manques déjà.

Par Jean-Pierre Garcia
(Extraits)

Africine.org