DôLé(Gabon) - JCC : 2000 - 79 min


Imunga Ivanga




Quel était ton désir pour ce film ?
Mon désir était de parler de l’adolescence dans un contexte urbain, mais aussi dans le cadre de Libreville qui concentre un certain nombre de passions et de désirs. C’est à travers elle qu’on suit l’évolution du pays. Bien sûr, cette jeunesse n’est pas représentative de toute la population, mais d’une bonne partie qui vit dans des quartiers déshérités. J’ai cherché à saisir leur destin au quotidien. A voir leurs larcins, on pourrait presque dire que tu fais l’apologie du vol ! C’est un peu exagéré ! Ce sont des gosses en difficultés qui trouvent des solutions que l’on peut bien sûr contester. Mais ils ont aussi de véritables projets, l’un va à l’école tant bien que mal, l’autre rêve de devenir un chanteur de rap, un autre boxeur et un autre encore capitaine au long cours. Et puis il y a le cinquième élément de la bande qui fait de menus travaux dans le matiti. Le problème est de voir en amont ce qui engendre le vol, comme la démission des parents ou la dureté de l’avenir. Les jeunes sont effectivement livrés à eux-mêmes. S’il n’y a personne pour leur dire quelle voie est la bonne, ça peut dégénérer. Ce ne sont pas des criminels, c’est de la petite délinquance, mais en grandissant, ils peuvent plonger et devenir de véritables criminels. Le film met en scène des avertissements, comme avec le vigile. Je donne à voir. Leur seul horizon, c’est le matiti. Leur seule échappatoire est d’aller à la mer ; c’est pourquoi elle est filmée comme un cliché, une respiration dans un univers glauque. Pourtant, dans leur situation, ils gardent la foi et se battent pour s’en tirer. Comment as tu trouvé les acteurs ? On a fait un casting pendant deux mois, avec des annonces à la radio-télévision nationale. Tous les gosses des lycées sont venus : c’était épuisant mais très riche, on se rendait compte qu’ils avaient aussi des choses à dire. Ceux qui ont été retenus sont venus deux ou trois jours après avec un texte de rap et de la musique. Ensuite, on a fait avec eux un travail de mise en scène à partir des séquences du scénario pendant un mois et demi.

Entretien d’Olivier Barlet avec Imunga Ivanga
(Extraits)

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