LA PIROGUE(Sénégal) - JCC : 2012 - 87 min


Moussa Touré




Moussa Touré a présenté son nouveau film LA PIROGUE au 65ème festival de Cannes dans la section Un Certain Regard. «Encore un film sur l’émigration clandestine» se disait-on à l’entrée de la salle. Combien de films ont en effet traité de ce sujet très difficile, mais très peu ont survécu à son poids écrasant. On en a vu de ces films en Afrique du Nord, en Europe et ailleurs. C’est avec ce type de pensées que l’on rentre dans la salle pour voir le nouveau film du réalisateur sénégalais. Alors que la plupart des films traitant de ce sujet tombent en général dans la facilité du sociologisme niais et la dramaturgie sans profondeur ; Touré nous prend par la gorge et nous plonge dans la cruauté du tragique. Les histoires ne sont pas étalées comme pour seulement expliquer le pourquoi du phénomène mais elles sont concises et denses pour laisser de la place au développement qui relève du pur cinéma. Le film ne prétend pas du tout proposer des solutions, ni soulever des questions. Même les images oniriques d’une Afrique belle et prospère comme ces baobabs fiers et ces vaches bien grasses ne sont que des projections fantasmagoriques. Intellectuellement honnête, LA PIROGUE est un film qui se veut le reflet de cette impasse existentielle des sociétés frappées par la misère. C’est aussi l’impasse de tous ceux qui, comme le cinéaste, se trouvent impuissant face à la réalité absurde et impitoyable. Le film est donc un cri de douleur, ou même à des moments, des hallucinations d’une conscience qui se tort. Que cela soit traduit par le langage du cinéma, rien n’est plus évident, et cela confirme les propos du réalisateur affirmant qu’il n’est qu’un petit Africain qui est rentré dans l’Histoire. Et comment !…

Par Hassouna Mansouri
(Extraits)

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