SAMBA TRAORE(Burkina Faso) - JCC : 1992 - 85 min


Idrissa Ouedraogo




Samba Traoré (Bakary Sangaré) est le seul rescapé d’un casse qui a, comme on dit, mal tourné. Du coup, il est aussi seul en possession de la précieuse mallette contenant le magot quand il revient au village qu’il avait quitté quelques années plus tôt pour aller tenter sa chance à la ville.

Le voilà accueilli en bienfaiteur dès lors que ses ressources lui permettent de redonner vie à la communauté pastorale en achetant un troupeau de buffles, d’agrémenter les loisirs de ses compatriotes en ouvrant une guinguette en gérance avec son ami Salif (Abdoulaye Komboudri), petit poivrot intrépide et dévoué quand il n’est pas sous la coupe de la plantureuse Binta (Irène tassembedo), admirable en paragon de la femme africaine donnant l’impression qu’il suffit d’un roulement de hanches pour que le monde tourne rond).

Il va même conquérir le cœur de la jolie Saratou (mariam Kaba). Et aussi celui d’Ali (Moumouni Compaoré), son enfant naturel. Seulement le remords n’est pas loin et Samba Traoré est la proie de nuits d’angoisse et de transpiration. Et puis le soupçon s’installe chez ses compatriotes pourtant comblés de bienfaits. On ne fait pas aussi facilement fortune dans les bananeraies. Et puis, soudain, les forces de l’ordre en jeep et tenue léopard et flanquées du délateur de service sont là pour faire régner l’ordre même sentimentalement douloureux.

Telle est la volonté de l’auteur qui dit avoir cherché à faire « un film qui soit vu non comme un film africain, mais comme un film tout court » et qui, par voie de conséquence et par un raisonnement inversé qu’ont du mal à saisir quelques têtes raides, touche aussi le public africain, lequel « en a marre qu’on le bassine avec nos clichés sur l’Afrique, marre de notre lenteur » (interview de Ouédraogo dans Télérama, 3 mars 1993). C’est plus, sans doute, que n’en peuvent supporter les esthètes frustrés d’un cinéma trop souvent fait pour eux, et la critique carmélite, celle qui aime bien cloîtrer les genres et les confiner dans la contribution et le balbutiement. Tous ceux-ci firent un accueil assez frais à ce chaleureux wertern de série B.

Par André Videau
(Extraits)

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