TRAJETS(Maroc) - JCC : 2000 - 25 min


Faouzi Bensaidi




Al Bayane: Le public du festival du court métrage méditerranéen de Tanger a eu le plaisir de découvrir et redécouvrir les deux films «le mur» et «trajets» qui ont été projetés en format 35mm. Il en était votre sentiment notamment avec ce passage au numérique qui a envahi le monde ?
br /> Faouzi Bensaidi: C’est vrai que malheureusement on est passé au numérique, et on ne peut pas faire de marche arrière. C’est une discussion purement industrielle. Et je pense que dans l’histoire du cinéma à chaque fois qu’il y avait des changements techniques pour qu’on puisse avancer, j’ai l’impression que ce virage numérique n’est pas tout à fait extraordinaire parce qu’il y a par exemple une destruction des métiers qui sont importants, qui sont en voie de disparition. En fait, il y a une logique plus commerciale, capitaliste derrière qui m’énerve un peu. A vrai dire, il y a une réduction du temps du travail, du coût et des producteurs vont au fond, mais je ne suis pas sûr que ces changements qui ne seront pas parfois au profit des œuvres. Le temps réflexion est nécessaire pour le film.br />br /> Aujourd’hui, la machine du montage va plus vite. Or, auparavant, les films prenaient du temps ! Des films qui sont faits dans les règles de l’art. C’est un temps de réflexion qui était nécessaire aux films. Aujourd’hui, on coupe la pellicule dans tous les sens, et ça fait de moins en moins des films réfléchis, conçus, structurés dans le bon sens c’est-à-dire il manque ce temps de réflexion qui n’a pas changé. La machine va vite, mais l’homme ne va pas vite plus qu’avant. Il y a toutes ses choses là que je ne trouve pas assez extraordinaires. Au montage, il y avait toujours un assistant parce qu’il y avait les rushes à gérer, de la pellicule à gérer et beaucoup de travail. Maintenant, il y a un ordinateur et un monteur qui travaille tout seul. Donc, il y a un métier qui se perd. Il y a plein de choses qui me désolent un peu.

Par Mohamed Nait Youssef
(Extraits)

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