Hammam D’hab(Tunisie) - JCC : 1986 - 20 min


Moncef Dhouib




Un devin, comme il n’en existe plus, frappe un jour à la porte d’une maison modeste, située dans un des quartiers populaires de Tunis, La maitresse de maison n’hésite pas à le faire entrer.

Ne lui-a-il pas annoncé que sa maison cachait un trésor ? Pour le récupérer, il lui montre une dalle qu’il faut soulever et descendre les escaliers qui se trouvent en dessous … en prenant soin de maintenir allumée la bougie magique qu’il lui avait remise. Après avoir remercié comme il se doit le devin, la maitresse de maison passa à l’œuvre. Elle ne trouva pas mieux que sa fille pour l’aider dans cette entreprise difficile.

Tout se passe comme annoncé par le devin et la mère ne savait plus où mettre l’or que sa fille lui ramenait à chaque montée. Mais comme le temps passait, la bougie s’était presqu’entièrement consumée. La fille commença à avoir peur, mais sa mère insista pour qu’elle continue. La fille s’exécute une dernière fois. Mais à peine, a-t-elle commencé à remonter l’escalier, que la lumière s’éteignit. La mère tend sa main pour aider sa fille à sortir. C’était déjà trop tard. La trappe se referma et elle ne put attraper qu’une mèche de cheveux. Pour se faire pardonner, la mère construisit à la place de la maison, un bain-maure pour que sa fille, qu’elle croyait toujours vivante puisse écouter des voix humaines.
C’est la légende de « Hammam Dhahab » telle que les femmes l’ont transmise de génération en génération, et que Moncef Dhouib a choisi comme prétexte pour pénétrer de nouveau au bain-maure (des femmes) après en avoir été chassé, comme tous les garçons, à l’âge de la puberté.

Moncef Dhouib revoit avec les yeux d’un enfant, ce lieu objet de désirs et de ressentiments et comme pénétrer dans le bain-maure est un acte tabou, Moncef Dhouib le fait d’une manière timide, trop timide.
A l’apposé, les hommes sont plus vivants, plus vraisemblables. Le « tisonneur » (Frenqi) était tout particulièrement sublime dans son rôle transitionnel entre deux mondes, celui de la réalité et celui de la légende.

Par RACHIDA ENNEIFER
(Extraits)

Journal « La Presse »