Charter(Tunisia) - JCC : 2019 - 24 min


Sabry Bouzid




Deux pays, deux villes. Tunis, berceau de l’enfance, des souvenirs, des tourments. Paris, terre d’accueil, d’exil, de perte. Majd est poète de rue. Militant, ses textes étaient forts et engagés. Sa poésie était apprise et s’est transformée en slogans de protestation. Lors d’une manifestation, la police le violente à coups de matraque non maitrisés, il frôle la mort.

Il s’installe à Paris où son art n’a plus de sens, plus rien ne l’anime et il erre, il erre jour et nuit, coincé dans son passé. Il rôde comme un fantôme, tout le traverse mais rien ne le percute. Ses rencontres sont comme des apparitions, éphémères. Des images de sa Tunisie lui reviennent, peut-être fantasmées, peut-être fabriquées, elles lui reviennent par petites bribes, de plus en plus violentes.

Ses souvenirs sont beaucoup trop réalistes, ils se mêlent au présent, le dénotent, l’assombrissent. Il n’aura que la douleur comme refuge mais faut-il encore l’éprouver...
À mi-chemin entre la fiction et le cinéma expérimental, le film se veut être un patchwork de plusieurs arts, plusieurs techniques.

Dans la forme comme dans le fond, le mélange est l’âme même du film. Il l’imprègne et le guide.
Des poèmes en français sur Tunis, récités par une voix féminine traverseront tout le film pendant que l’on suivra l’errance parisienne d’un jeune homme tunisien. Les sons de Tunis se mêleront à ceux de Paris pour créer une troisième ambiance, unique, hybride. L’argentique viendra se s’intercaler au numérique jusqu’à la superposition.
On tournera des images en simultané, à Paris et à Tunis. Deux équipes guidées par la même envie de capter l’essence de leurs villes dans leurs quintessences loin des images touristiques et des cartes postales.
Les images filmées à Tunis seront entièrement en Lomokino, appareil mécanique fonctionnant avec de la pellicule photo et permettant d’obtenir de courtes séquences en Stop Motion argentique.

(Extraits)
TV5 Monde