CNCI
JCC 2022

Hommages

Ons Kamoun

Ils ont dessiné des étoiles dans nos cœurs !


Les JCC dans leur 33ème édition rendent hommage à ces pionniers et ces pionnières qui ont marqué notre cinéma par leur créativité, leur engagement, leur intelligence, leur patience, leur pugnacité et par leur résistance à toute forme de dogme ou d’autorité. Leur expérience a été édifiante et constructive pour toute une génération.

L’équipe des JCC, par devoir de reconnaissance, tient à rendre hommage à ces « icônes » de la cinématographie arabe et africaine. Un hommage à la hauteur de ces hommes et de ces femmes qui ont fait un rêve, et qui ont transformé ensuite leur rêve en réalité. Ces hommes et ces femmes qui ont suivi le festival de très près, croyant toujours que c’est la seule fenêtre généreuse d’espoir pendant les époques mornes et sans imagination.

Nos hommages seront rendus aussi biens aux vivants qu’à ceux qui nous ont quittés par la présence de leurs proches et de ceux qui les ont côtoyé de près lors de leur fabuleuse aventure. Parce que ces rêveurs ont su regarder leur chemins dans les yeux, parce qu’ils ont transformé leurs vies ordinaires en destin, parce qu’ils ont su nous dessiner des étoiles dans le cœur tout en restant dignes et fiers jusqu’au bout. Notre reconnaissance s’adresse à eux aujourd’hui.

Ainsi cette section a choisi de rendre hommage cette année aux tunisiens Hichem Rostom (1947-2022), comédien et Kalthoum Bornaz (1945-2016), technicienne, réalisatrice et productrice, l’algérienne Yamina Bachir-Chouikh (1954-2022), monteuse et réalisatrice, le marocain Mohammed Abderrahman Tazi, réalisateur, l’égyptien Daoud Abdel Sayed, réalisateur et l’ivoirienne Naky Sy Savané, comédienne.

L’un de leur dénominateur commun c’est qu’ils sont tous les enfants des JCC et y ont vécu des moments de grande émotion et de gloire. Ceux qui sont encore parmi nous partageront leurs émotions encore vives avec le public et prolongeront la gloire du festival par les films qu'ils viennent présenter, les souvenirs qu'ils viennent partager et la mémoire dont ils sont les gardiens.

Ce que Hichem Rostom a laissé parmi nous après une disparition furtive, c’est l’image d’un grand et talentueux acteur mais aussi cette générosité de cœur qui se voyait à la fin de sa vie dans ses actions humanitaires. Elle était aussi décelable déjà dans son jeu d’acteur. Hichem Rostom était un comédien d’une immense générosité de cœur lorsqu’il se livre à un rôle. Les films proposés « Les Sabots en or » (1989) de Nouri Bouzid et « Essaïda » (1996) de Mohamed Zran l’attestent bien. C’est le fait d’acter avec cœur et passion aussi bien au cinéma qu’au théâtre et à la télévision qu’il est resté dans nos mémoires. Parce que la couleur de nos cœurs se voit aussi sur le grand écran lorsqu’on est acteur.

 Hichem Rostom Texte hommage de Férid Boughedir à Hichem Rostom

Kalthoum Bornaz, qui nous a quittés en 2016, était l’une des premières tunisiennes qui a effectué des études à L’IDHEC (Actuel Fémis) pour obtenir un diplôme de monteuse. Elle aussi donnait de son cœur de femme sur le grand écran lorsque de technicienne elle est passée à réalisatrice. Réalisatrice engagée, militante et pour qui les valeurs de la laïcité et de l’égalité sont une ligne jaune. Nous serons au rendez-vous avec « Keswa, le fil perdu » (1998) et « L’Autre moitié du ciel » (2008).

Kalthoum Bornaz Texte hommage de Alia Bornaz Baccar à Kalthoum Bornaz

Yamina Bachir-Chouikh vient aussi des studios de montage, l’une des premières femmes techniciennes algériennes qui est passée à la réalisation avec un premier film qui a bouleversé le monde du cinéma lors de sa sortie. Nous proposons « Rachida » (2002), un film où la réalisatrice exprime sa farouche opposition au terrorisme qui a frappé l’Algérie pendant la décennie noire. Son second long-métrage « Hier... aujourd'hui et demain » (2010) prône la même résistance, mais cette fois en portant à l’écran les voix des moudjahidas algériennes.

Qualifiés de « films mémoires », les œuvres du cinéaste Abderrahman Tazi, mettant en avant la « compétence » du cinéaste à recréer le passé et à le représenter au spectateur comme s’il était toujours vivant dans son imaginaire. Le choix de Abderrahman Tazi montre à quel point ce cinéaste marocain est important dans l’Histoire des cinématographies arabes et africaines, ne serait-ce que par son langage cinématographique. Son film « À la recherche du mari de ma femme » (1993) est monté par la tunisienne Kahena Attia. Une collaboration Sud-Sud édifiante et pérenne. C’est «Badis» (1989), lauréat du Tanit d’or de 1990 qui a permis la rencontre et la collaboration des deux cinéastes qui dure jusqu'à aujourd'hui et enfante le dernier film de Tazi, «Fatema, la sultane inoubliable» (2022), un film sur le parcours de Fatema Mernissi qui sera projeté pour la première fois en Tunisie et en Afrique.

Abderrahman Tazi Texte hommage de Driss Chouika à Abderrahman Tazi

Voici Daoud Abdel Sayed, le premier assistant de Youssef Chahine qui est devenu un réalisateur aussi puissant que son maitre et avec un cinéma engagé et créatif. Un cinéma qui a fait école, celle du néo-réalisme égyptien. Les films proposés : « À la recherche de Sayed Marzouq » (1990) et « Le Citoyen et l'indic et le voleur » (2001) ne tentent pas seulement de dépeindre l'existence réaliste du peuple égyptien, ils tentent également de montrer comment sa réalité subit des processus de changement. Les événements et les gens sont devenus absurdes, arbitraires et imprévisibles, alors qu'un appareil policier omniprésent et déraisonnable contrôle la vie. Son cinéma oppose une résistance aux narrations classiques aussi bien dans la forme que dans le fond.

Daoud Abdel Sayed Texte hommage de Ahmed Chawqi à Daoud Abdel Sayed

Le parcours de l’actrice Naky Sy Savané correspond à celui du cinéma produit en Côte d’ivoire et dans les régions environnantes. Lui rendre hommage, c’est aussi rendre hommage à une partie de l’histoire du cinéma africain. Mais il y a aussi l’actrice et la femme. Une longue carrière ponctuée de nombreuses distinctions. Petite fille d’un Imam, elle avait commencé sa carrière sous l’anonymat en empruntant le patronyme « Naky ». Il était hors question de faire du cinéma pour elle ! Et c’était l’une des premières résistances de l’actrice : faire du cinéma malgré tout. Son pari est bien gagné dans les films proposés « Bal Poussière » (1988) de Henri Duparc et « La Nuit de la vérité » (2004) de Fanta Régina Nacro. Mais il n’y avait pas que le cinéma ! Il y’avait aussi la cause des femmes. Ses premiers cachets sont allés à des œuvres sociales puis le combat a continué pour devenir contre les violences liées aux traditions comme l’excision. Naky Sy Savane de la résistante à la militante en passant par l’actrice, reçoit aujourd’hui les hommages des JCC.

Naky Sy Savané Texte hommage de Fofana Ali à Naky Sy Savané

Les JCC depuis leur lancement ont été le terreau de toutes les expressions arabes et africaines du 7ème art. Des JCC qui ont aussi assisté à la première naissance de plusieurs réalisateurs qui poussaient leur premier cris cinématographique, devenu aujourd’hui une écriture et un langage confirmés. Que d’émotions ces cinéastes dont certains sont encore parmi nous ont partagé avec le public tunisien ! Dans « Hommage » il y a « Homme » et « âge ». Longue vie et éternité à ces grands hommes et grandes dames du cinéma résistant et de la résistance, figures d’un cinéma d'auteur nommé désir.

Ons Kamoun

Hommage Hichem Rostom


Hommage Kalthoum Bornaz


Hommage Yamina Bachir-Chouikh


Rachida

Rachida
Yamina Bachir-Chouikh - Algérie (2002)

Hommage Mohammed Abderrahman Tazi


Badis

Badis
Mohammed Abderrahman Tazi - Maroc (1989)

Hommage Daoud Abdel Sayed


Hommage Naky Sy Savané